Concentrés de droit : l'exposition numérique !


PRESENTATION DE L'EXPOSITION
Le droit, vous connaissez ? Des lois et des décrets, des traités internationaux à foison, des décisions de justice par milliers... Mais ce droit repose sur quelques principes, importants, peu nombreux, résumés de manière vive en quelques phrases, les "adages". Ne fuyez pas devant ces expressions, parfois en latin, laissez-vous plutôt guider dans cet univers où se mêlent le droit, l'histoire, la morale, et parfois un brin de poésie. Au fil de vos déambulations vous allez rencontrer des maximes qui vous paraîtront familières, d'autres un peu plus déconcertantes. Venez découvrir leur signification et leur place dans le monde du droit.

QU'EST-CE QU'UN ADAGE ?
L'adage, c'est la "punchline" du droit ! Une phrase courte, au style percutant, une "trouvaille langagière" qui synthétise un principe juridique ou moral. Les adages sont apparus dans le droit romain sous la plume des grands juristes de l'époque. Composés en latin, ils furent réunis dans des ouvrages, dont le plus connu se nomme le Digeste (*). Sous le règne de Henri IV, le juriste français Antoine Loisel en a remodelé et reproduit un grand nombre dans les Institutes coutumières (**). Leur prestige tient à la réputation de leurs auteurs, à leur ancienneté, au raffinement de leur formulation. Ils occupent une place particulière dans le monde du droit, dans lequel ils introduisent du bon sens et de la morale, voire de l’humour. Mais ils ont aussi une véritable ambition pédagogique. L’adage est en effet une "pensée mémorable", et donc un moyen simple et efficace pour transmettre le droit.

LA VALEUR JURIDIQUE DES ADAGES
Déterminer la valeur juridique des adages revient à se demander si ces principes sont des règles s'appliquant à tous, comme les lois, les traités internationaux ou les décisions de justice. Les adages ne deviennent des règles applicables que lorsqu’ils sont repris par un texte juridique de premier ordre. C’est le cas de l’adage "Les conventions doivent être respectées" (Pacta sunt servanda), qu’on retrouve par exemple dans le Code civil, monument du droit français, composé sous le règne de Napoléon. Mais la plupart des adages ne sont pas ainsi officialisés dans le droit positif (***). Quelques-uns posent des principes dépassés et n’ont qu’un intérêt historique. Certains ont une portée très générale et ne peuvent donc être appliqués directement. Aujourd'hui, dans des sociétés de plus en plus complexes, ils servent davantage à éclairer le citoyen qu'à lui fournir une image fidèle du droit en vigueur. Pour certains auteurs, les adages font cependant bel et bien partie du droit dans la mesure où ils en révèlent les fondements.

* Digeste : célèbre recueil de doctrine juridique édité sur ordre de l'empereur Justinien au VIe siècle, il contient des citations extraites des oeuvres des plus grands juristes romains, tels que Gaïus, Paul, Ulpien...

** Institutes coutumières : ouvrage publié en 1607 dans lequel Loisel, soucieux de l'unification juridique du royaume, présente sous forme d'adages les principales règles de ce que l'on commence à appeler "le droit français".

*** Droit positif : ensemble des règles de droit applicables dans un pays donné.