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"La Cour suprême des États-Unis et la première guerre mondiale. Histoire du miroir d’un désamour", conférence du CTHDIP

le 14 novembre 2018

14h
Arsenal
Bibliothèque Arsenal
Salle de conférences

Wanda MASTOR (Professeur à l’Université Toulouse Capitole), La Cour suprême des États-Unis et la première guerre mondiale Histoire du miroir d’un désamour

La Cour suprême des États-Unis et la première guerre mondiale. Histoire du miroir d’un désamour.


L’histoire de l’entrée en guerre des États-Unis d’Amérique pendant le premier conflit mondial est avant tout celle d’une volonté de ne pas la faire. Dans la lignée de la tradition de ses prédécesseurs dits « isolationnistes », tels que George Washington et James Monroe, Woodrow Wilson proclamera, dans un discours du 20 août 1914, que « Tout homme qui aime vraiment l'Amérique agira et parlera dans le véritable esprit de neutralité, qui est celui de l'impartialité, de l'équité et de l'amitié envers toutes les parties concernées ». De multiples raisons expliquent la volonté du peuple américain de suivre la proposition de neutralité de leur président. Pour lui, cette guerre n’était, pour le dire autrement, pas la sienne. La destruction du Lusitania, la démission du ministre des affaires étrangères, le rappel du général Pershing, l’interception d’un télégramme secret et autres événements vont conduire Wilson à proclamer, lors d’un discours au Congrès le 4 avril 2017, que « La neutralité n'est plus ni possible, ni désirable quand il y va de la paix du monde et de la liberté des peuples. Et la menace pour la paix et la liberté gît dans l'existence de gouvernements autocratiques, soutenus par une force organisée qui est entièrement entre leurs mains et non dans celles de leur peuple ». Deux jours plus tard, le Congrès votera l’entrée en guerre des États-Unis. 
Cette guerre qui ne semblait pas être la leur au début du conflit semble de nos jours occuper le même espace ambigu. La première guerre mondiale ne reçoit toujours pas, loin s’en faut, le même traitement doctrinal que la seconde. Un peu à l’image des monuments aux morts et autres symboles de mémoire qui n’ont même pas de place dans la capitale, la première guerre mondiale est victime d’un relatif désintérêt, que les commémorations vont –peut-être– temporairement soigner. La bataille pour la construction d’un mémorial à Washington continue de diviser. 
A l’aide de projection d’images et diffusion de bandes son, cette conférence tentera de raconter cette histoire à travers la seule décision digne d’intérêt de la Cour suprême des États-Unis. Car les faits présentent de nouveau cette guerre sous un jour négatif. Il s’agit, au départ, de l’histoire de militants poursuivis pour avoir distribué des tracts exhortant les jeunes recrues à ne pas partir combattre en Europe. La Cour suprême en profitera pour dépasser la spécificité de cette guerre et justifier les restrictions apportées à la liberté d’expression notamment en cas de « danger manifeste et pressant ». Restrictions qui serviront de précédent justificateur à d’autres périodes troubles de l’histoire des États-Unis d’Amérique et leur manière d’affronter les ennemis, jusqu’à celui, non clairement identifié (« la peur »), qui ouvrira en 2001 une nouvelle ère. 

Un évènement dans le cadre de la commémoration du Centenaire de la Première Guerre mondiale "Sur le front du droit".
 
 
Mis à jour le 9 novembre 2018