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Jonathan Hivernat, la rage de vaincre

Cet étudiant de l’IAE Toulouse, Ecole de Management fait aussi partie des meilleurs jeunes espoirs dans sa catégorie le Rugby Fauteuil. Portrait.

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1,84 m, 75 kg de muscles et une motivation à toutes épreuves. A 25 ans, Jonathan Hivernat est un sportif de haut niveau mais, cloué sur un fauteuil roulant depuis l’âge de 19 ans, il ne mène pas une vie d’étudiant ordinaire.

Inscrit en 3ème année à l’IAE Toulouse, Ecole de Management, le combat quotidien de Jonathan consiste à mener de front des cours de finance et une carrière de sportif de haut niveau en Rugby Fauteuil. « Une vie que j’ai choisie. Pour vivre quelque chose de fort et remporter des médailles il faut se donner les moyens, pose-t-il. Pour moi, c’est un plaisir, un honneur de jouer à haut niveau et de représenter ma nation ! »
 
Entraînement, Crédit : Mélanie Butez

Une détermination que Jonathan a développé depuis son plus jeune âge. Sa vie bascule alors qu’il n’a que 10 ans. A l’époque, Jonathan fait du foot et va à l’école comme tous les garçons de son âge… Jusqu’à ce qu’il déclenche pour des raisons inexpliquées la maladie de Charcot-Marie-Tooth (CMT). « De 12 à 19 ans, j’ai fait du tennis de table à haut niveau et je me suis raccroché à ce sport pour rester debout et continuer à marcher. » Mais cette maladie neuromusculaire dégénérative le privera finalement de l’usage de ses jambes au bout de quelques années. « Quand je me suis retrouvé sur un fauteuil, ma vie a basculé une deuxième fois et j’ai arrêté le tennis de table », raconte-t-il.

Nous sommes en 2010 et Jonathan prépare un Bac STG option comptabilité et gestion. Il assiste alors par hasard à une démonstration de Rugby Fauteuil et le coup de foudre pour ce sport est immédiat. « Les Américains l’appellent le murderball, c’est un mélange de basket, de hockey sur glace et de rugby, les fauteuils sont en « mode Mad Max » et c’est comme un jeu d’auto-tamponneuses, » décrit-il.

Touché aux quatre membres à cause de sa maladie, Jonathan éligible au rugby fauteuil, a trouvé dans ce nouveau sport la raison qui l’aidera à se battre. Il s’inscrit au club du Stade Toulousain Rugby Handisport et se hisse en quelques années parmi les meilleurs espoirs français, puis intègre l’équipe de France dont il vient même d’être nommé capitaine.
Aujourd’hui, grâce à une scolarité aménagée par le DAPS, il suit des cours deux jours par semaine, jongle entre les déplacements pour des compétitions internationales, les stages d’entrainements et de longues heures de natation et de musculation en solo.

« Il est de la race des champions », résume Nicolas Coste, son coach au Stade Toulousain depuis 2008. « Je l’ai connu quand il marchait encore et il a trouvé dans le rugby fauteuil, une façon de garder le dessus sur sa maladie », décrit l’entraineur qui parle de Jonathan comme quelqu’un « qui ne lâche jamais rien, il est hyper professionnel, très offensif, mais aussi solidaire. Il est exemplaire. »
 
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Coupe du monde de rugby fauteuil 2015, Crédit : Luc Percival

Cette fin d’année sera intense pour Jonathan qui prépare à la fois son diplôme de comptabilité et gestion (DCG) à l’IAE Toulouse, Ecole de Management et s’entraine avec l’équipe de France afin de décrocher son ticket pour les JO handisports de Rio. Ses projets ? « D’abord finir mes études et ensuite partir une année jouer du côté des Etats-Unis pour voir comment les choses se passent là-bas », confie le jeune sportif. Un rêve qui ne devrait pas avoir trop de mal à se réaliser car Jonathan, sacré trois fois « best player » dans le championnat anglo-saxon de rugby fauteuil, a déjà été repéré par de grandes équipes étrangères. Bankable !
 
Portrait réalisé par Béatrice Girard, journaliste.