"Les dessins de Bruno Prêtet sont une contrée d’où déborde l’imagination de ce chevalier de l’encrier, déposant l’armure pour endosser tour à tour, et parfois simultanément, les habits de l’architecte, du botaniste, du géographe, de l’historien, de l’entomologiste, … Cependant, quel que soit son office, il met son regard et sa main, en toute occasion, à leur service ! Rien ne borne son trait à la puissante générosité : ni le temps, ni l’espace, qu’il mêle audacieusement. Des instruments frappés de désuétude, à supposer qu’ils n’aient jamais existé, embrassent les trajectoires de vaisseaux du futur. Son dessin tissé de rêves nous conduit à travers les siècles, de l’Antiquité aux Expositions Universelles, en passant par le Moyen Age des Troubadours, les Temps modernes des grandes découvertes, où musique et littérature s’entremêlent en de fructueuses collisions.
 

Son art ne saurait être égoïste ! Son talent découle d’un esprit si fertile que ne sont en rien incongrus ces paysages champêtres teintés de furies industrielles, à moins qu’il ne s’agisse de l’inverse ! Ces figures où la bestialité se révèle sous l’humanité, à moins qu’il ne s’agisse encore de l’inverse ! La prouesse est rendue possible par l’œil attentif, et de plus en plus familier, grâce à la précision du trait de l’artiste, son art confinant à la gravure, et aux couleurs utilisées . À côté de teintes renvoyant à un doux passé, le bleu brodé par son geste savant fait vibrer l’élément aquatique. Avec lui, navires et barques, poissons et pêcheurs, oiseaux marins et manchots, capitaines au court ou au long cours, désertés et songes transatlantiques.
 

Faut-il rappeler l’évidence d’un regard qui vagabonde, distrait par des formes alanguies et assoupies, invitant à une paresse coupable ? Faut-il ensuite évoquer cette autre évidence de dessins ouvrant vers un ailleurs désirable et des horizons d’espérance ? Faut-il enfin marteler l’évidence d’une raison malmenée face à ces bouffées imaginantes tissées de rêves qui n’appartiennent qu’à Bruno Prêtet, et que nous sommes infiniment heureux de contempler ?"

Didier Blanc
Professeur de droit public
Université Toulouse Capitole

Bruno Prêtet vous propose de commenter son travail
.Mardi 28 janvier, à partir de 12h
.Jeudi 30 janvier, à partir de 17h
Pour vous inscrire : bu-culture@ut-capitole.fr