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"Basic Instinct",Critique d'Anne Barbier

Crée le 18 mars 2025

Atelier Critique cinéma (initiation) / 1er semestre 2024-2025

Basic Instinct m’a paru presque comme une critique de l’espèce humaine en général, nous ramenant à notre condition d’êtres humains facilement influençables et faibles face à la tentation.

Les personnages de ce film ne subissent aucune évolution significative. On peut même y voir une sorte de retour en arrière, notamment à travers l’enquête menée par les enquêteurs. Tout commence avec le meurtre, l’enquête suit son cours jusqu’à ce que Nick Curran cède à la plus grande partie de ses addictions. L’enquête prend alors un tournant, elle fait un brusque retour en arrière jusqu’aux meurtres de fin, et à la scène finale où Nick échappe de peu à la même mort que la première victime. On peut alors interpréter cela comme un message : l’être humain, dans ce cas précis, ne parvient jamais à apprendre de ses erreurs. Le personnage principal est incapable de se détourner de ses travers, il ne tire aucune leçon de ses actions passées et les répète. Il fume, boit, est accro au sexe et au meurtre. Cela rappelle la décadence humaine, incapable de se contrôler, régressant alors qu’elle était promise à un grand avenir grâce à ses capacités.

De plus, il est presque impossible de trouver une part de « bien » restante à la fin de ce film. Le seul personnage présentant une personnalité moralement acceptable, Gus Morran, meurt assassiné de façon atroce. Les trois quarts des personnages sont des meurtriers, ou des individus ayant un casier judiciaire. Ceux en qui la société est censée pouvoir faire confiance — à savoir les enquêteurs et la psychiatre, représentant la justice et la bonne santé morale — présentent de sérieux problèmes. Ils sont soit fous, toxiques, meurtriers, addictes, corrompus, etc. Ou bien plusieurs de ces travers à la fois. La psychologue, censée ramener les personnes malades à la raison, n’est elle-même pas fiable, ce qui rend l’échec de la guérison de Nick prévisible. Les personnages nous montrent que personne ne favorise la poursuite de l’évolution humaine, en tout cas pas dans le bon sens.

Enfin, la décadence de l’espèce humaine est mise en lumière par le fait que des comportements moralement réprouvés, comme la drogue ou le meurtre, deviennent, à la fin du film, « basiques ». Notre instinct est censé être là pour nous permettre de survivre, mais il est également nécessaire de ne pas répondre à toutes ses pulsions. Or, ce n’est pas le cas dans Basic Instinct, puisque la majorité des personnages est incapable de résister à ces pulsions, à ces désirs et addictions : la drogue, l’alcool, le sexe, ou même le meurtre.

Cela nous laisse à nous demander si, en réalité, ce sont ces désirs qui constituent la base de l’être humain, et si nous devrions alors les suivre. Ce serait contraire à la morale, mais cette dernière pourrait ne pas être « basique » pour les êtres humains. Après tout, le premier meurtrier de l’histoire, Caïn, est peut-être la preuve que l’être humain est voué à répondre à ses instincts les plus primaires et qu’il ne peut pas évoluer. Nous assistons alors au retour de l’espèce humaine vers une situation plus « primitive », proche des désirs à satisfaire à n’importe quel prix.

Anne Barbier