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"Panic Room", Critique d'Eloïse Pécheur

Crée le 19 mars 2025

Atelier Critique cinéma (initiation) / 1er semestre 2024-2025

« Est-ce qu’on a vraiment besoin d’autant d’espace ? ». Parce qu’une œuvre cinématographique réussie tient dans la pertinence de sa clôture, Panic Room satisfait cette exigence haut la main. L’espace est un concept proéminent dans ce film de Fincher, dans lequel il va paradoxalement enfermer sa narration. Un emménagement, un divorce mal accepté, une nuit pluvieuse, des cambrioleurs, autant d’éléments annonçant le déroulé d’une histoire des plus prévisible. C’était sans compter sur la maitrise de maître du huis clos par son réalisateur, David Fincher. Bien connu pour ses atmosphères sombres, inquiétantes, voire écrasantes, le cinéaste excelle encore une fois à installer une sensation oppressante et c’est en sa qualité perverse de perfectionniste qu’il propose dans ce film des plans relevant de prouesses techniques, invitant le spectateur à prendre part à l’histoire qui se déroule. La simplicité scénaristique est contrebalancée par des séquences qui vont jusqu’à donner le sentiment de violer l’intimité des personnages. L’omniprésence du spectateur le rend impuissant face à la dégénération de la situation, alors même que David Fincher le fait plonger, tourner, survoler tous les recoins possibles de la maison, le rendant en quelque sorte complice des faits à survenir. La maison devient un personnage à part entière de l’histoire, semblant se jouer de sa large superficie, et s’apparentant à un labyrinthe pour les personnes qui sont pris au piège. Tels les athéniens en proie au minotaure, Meg, sa fille et les trois cambrioleurs sont esclaves de la demeure. Le choix d’une palette de couleur froide vient totalement renforcer l’ambiance oppressante déjà créée avec le style de réalisation de Fincher. La tension est d’autant plus palpable que les plans « intrusifs » sont souvent dépourvus d’accompagnement sonore, qui appuie le dérangement que pouvait déjà ressentir le spectateur.

Le déroulement de cette nuit se découpe en trois temps, en commençant par l’installation de Meg et de sa fille dans leur nouvelle maison. Meg, dépeinte en premier lieu comme une femme vulnérable, émet des réserves sur la présence de la panic room dans la maison, alors que cette pièce deviendra quelques heures plus tard le seul lieu dans lequel elle et sa fille pourront en principe être en sécurité, à l’arrivée des cambrioleurs. Frôlant dans un premier temps le burlesque, la situation va se renverser à la mort du personnage cambrioleur de Jared Leto. La tension s’intensifie et les actions s’enchainent rapidement, créant un changement de rythme soudain et inattendu. La tendance s’inverse aussi quant aux caractères des personnages : Meg déploie sa force et son courage pour protéger sa fille et trouver des solutions pour se sortir de cette nuit qui semble sans fin. Passée cette adrénaline, on peut sentir une sorte de relâchement quant à l’écriture de son issue, les actions sont prévisibles mais tiennent tout de même le spectateur en haleine grâce à l’esthétique de réalisation.

Panic room est un thriller simple de scénario mais brillant en réalisation, mise en exergue par la maitrise de l’art de la réalisation de David Fincher et par des performances mémorables des acteurs.

Eloise Pécheur