- Culture,
BU - Rencontre / Conférence avec Edgard MORIN
le 6 décembre 2006
Le complexe européen aujourd'hui
" Visions d'Europe "
organisé par le Service Commun de Documentation de l'Université de Toulouse 1, avec le soutien de la Mission Culture et de la Cellule Communication de l'Université.
Edgar Morin, directeur de recherches émérite au CNRS, est l'un des penseurs français les plus importants et les plus féconds de notre époque.
Son oeuvre multiple, mêlant philosophie, sociologie, ethnologie, anthropologie, est commandée par le souci d'une connaissance qui ne soit ni mutilée ni cloisonnée, respectant le singulier tout en l'insérant dans l'ensemble qui l'englobe. Après Plovézet, un des premiers essais d'ethnologie portant sur la société française contemporaine, il s'intéresse en pionnier aux pratiques culturelles les plus diverses (le cinéma, la télévision, la rumeur, etc.), fonde le CECMAS (Centre d'Etudes des Communications de Masse), et crée les revues Arguments (1957) et Communication, revue-phare des années 60 et 70, qui paraît encore aujourd'hui.
Après un long séjour d'enseignement et de recherche aux Etats-Unis, où il découvre les champs scientifiques émergents (la cybernétique, en particulier), il conçoit les fondements de la "pensée complexe", qui deviendra sa Méthode : en un quart de siècle (6 volumes parus entre 1977 et 2004), il aura bâti une anthropologie, conçue non pas en tant comme science
Sur la question européenne, Edgar Morin a publié, en 1987, un essai fondamental, Penser l'Europe : explorant l'histoire et la culture selon le principe de la "pensée complexe", il conçoit l'Europe comme une unité multiple, faite d'antagonismes féconds. Cet essai, devenu désormais un "classique", a été traduit en 18 langues. Dans Culture et barbarie européennes, publié en 2006, il démontre que l'Europe a été, dans un même mouvement, le foyer d'une domination barbare sur le monde, et le creuset des idées émancipatrices qui ont sapé cette domination. Cette relation, antagoniste et complémentaire, doit être repensée pour faire pièce à la barbarie qui, à la faveur de périodes ou d'épisodes paroxystiques, nous menace toujours.