As Bestas, le dernier film de Rodrigo Sorogoyen, vient d'être couronné du César 2023 du meilleur film étranger. « Une consécration amplement mérité », commente Jérôme Ferret, sociologue à l'Institut du Droit de l'Espace, des Territoires, de la Culture et la Communication (IDETCOM) et directeur adjoint de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société de Toulouse (CNRS), qui a pu passer dix jours sur le tournage du film en septembre 2021. Sur le terrain, le chercheur toulousain a pu observer le travail du cinéaste et comprendre « comment il filme la violence ».

La violence, sociale comme politique, est au cœur de la recherche de Jérôme Ferret. « Le travail du sociologue est d’analyser ce qui fait que cette violence s'exprime, perdure et se reproduit. C'est un projet à la fois scientifique et démocratique », explique-t-il. Mais quand on travaille sur une telle thématique, on se heurte parfois à un problème d'accès aux données. C'est pourquoi l'enseignant-chercheur s'est penché sur l'œuvre cinématographique de Rodrigo Sorogoyen, qui s'avère « un matériau sociologique » très intéressant. Elle offre en effet une vision unique des différentes formes de violence dans la société espagnole contemporaine et « révèle un certain nombre d’angles morts » dans le travail du sociologue.
 

Jérôme Ferret a publié en octobre 2021 un article dédié au cinéaste espagnol dans la revue anglaise Violence : an international journal publiée chez Sage Media Collection Publication. Intitulé « I’m a sociologist too, right ? Cinema and the representation of contemporary violence in Spain », il se compose d'une partie analytique basée sur plusieurs films de Rodrigo Sorogoyen et d’un entretien de fond réalisé sur le tournage de As Bestas, en septembre 2021. Lors de cet échange, le réalisateur s'est livré sur sa trajectoire, son grand-père cinéaste, sa formation, ses influences et sa conception de la violence.

Un an plus tard, en octobre 2022, le sociologue de l'IDETCOM a eu l'occasion de questionner à nouveau Rodrigo Sorogoyen lors d’une conférence-débat organisée par la Cinémathèque de Toulouse et le festival Cinespaña. Entouré de Loïc Diaz, co-directeur de Cinespaña et historien du cinéma espagnol, et de Franck Lubet, responsable de la programmation de la Cinémathèque de Toulouse, Jérôme Ferret a animé le débat en apportant un éclairage plus sociologique sur l'œuvre du cinéaste espagnol.
 

     

Jérôme Ferret est maître de conférences en sociologie à l'Université Toulouse Capitole, membre du laboratoire IDETCOM, avec HDR obtenue à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), (garant Michel Wieviorka) et directeur adjoint de la Maison des Sciences de l'Homme et de la Société de Toulouse (MSHS-T, UAR 3414 CNRS). Il est co-responsable scientifique de la plateforme d’expertise RadiRégu (Radicalités et Régulations), pôle toulousain d’expertises sur les phénomènes de radicalités et leurs régulations. Ses travaux de recherche portent sur la violence sociale et politique.

Il a publié une trentaine d'articles dans des revues internationales telles que Policing and Society, British Journal of Criminology, International Review of Sociology, The American Sociologist et Current Sociology et avec Farhad Khosrokhavar Family and Jihadism. A Socio-Anthropological Approach to the French Experience, Routledge (2021).