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« Les figures du procès au delà des frontières »
le 5 février 2014
"Les figures du procès au delà des frontières", sous la direction de W. Mastor et L. Miniato, Dalloz, coll. thèmes et commentaires, 2014 (actes du colloque, 18 oct. 2012, UT1 Capitole)
Les symboles du procès sont nombreux et porteurs d’une signification  précise en lien avec les règles qui régissent les procédures et le rôle  joué par les acteurs du procès. La balance, le bandeau, le glaive, la  robe ou la perruque, nous paraissent inséparables du rituel judiciaire,  et pourtant ces symboles ont une histoire et ne sont pas toujours  identiques selon les époques ou les lieux. Parfois, ils semblent même  absents. Il reste qu’une justice sans décorum, une justice qui ne se met  pas en scène, qui ne donne pas à voir sa puissance, est inconcevable,  car l’acte de juger n’est pas anodin. D’aucuns voient parfois dans ces  symboles l’héritage d’une époque révolue où juger était conçu comme une  prérogative d’essence divine. Ils y voient un attachement trop  fétichiste à des emblèmes qui ne seraient que l’expression d’un  sentiment de supériorité sur le justiciable. L’hermine du juge, en  effet, n’est-elle pas aussi douce qu’inaccessible ? Par ailleurs,  aujourd’hui, la justice managériale et le process judiciaire ont  tendance à reléguer au second plan les symboles du procès. D’autres, au  contraire, insistent sur l’importance des symboles qui sont bien plus  que des signes extérieurs ou des ornements : ils expriment la gravité du  moment judiciaire. Au-delà de leur simple apparence, les symboles  judiciaires sont consubstantiels au procès et à ses grands principes  tels que l’impartialité du juge, les droits de la défense, le principe  du contradictoire et la publicité. L’étude du procès à travers ses  symboles s’enrichit de celle des symboles à travers leurs  représentations. De la justice aux yeux bandés de Dürer au tribunal de  grande instance de Nantes conçu par l’architecte Jean Nouvel, les  artistes ont donné leur vision de la justice et ont façonné le procès à  travers leurs multiples regards. Parfois à un tel point que notre propre  vision du procès, sauf à en avoir été acteur, n’est pas directe : elle  est issue de ses représentations, notamment littéraires ou  cinématographiques. Le cinéma et la littérature ne s’intéressent  d’ailleurs pas exclusivement aux symboles du procès, mais décrivent plus  largement le fonctionnement et le quotidien de la justice. Par le  prisme d’histoires singulières, la justice se montre alors à découvert  et nous dévoile une part de son étrangeté. D’autres représentations  permettent aux symboles du procès d’acquérir une pleine existence grâce  aux oeuvres ; les symboles font corps à la fois avec l’oeuvre d’art et  l’oeuvre de justice : ainsi en est-il du Palais de justice.
		
 
	
	
	
			  Mis à jour le 21 décembre 2017
	
	
	
	
